La vie à Cacao

Bien évidement, je ne passe pas mon temps à faire de la poterie depuis que je suis à Cacao. Loin de là!
En plus d'apprendre les rudiments de ce métier d'art, et de m'adonner à quelques randos en foret, je profite de cet instant de repos pour me poser un peu. C'est d'ailleurs cette pose qui me permet de lancer ce blog.

J'en profite aussi pour tenter de mieux comprendre le fonctionnement du village hmong, mais il est assez complexe de s'approcher de ce peuple sens tomber dans la relation superficielle touriste/locaux.

A Cacao, la vie perçue par le touriste ne prend place que le dimanche, c'est à dire le jour du marché. Les hmong, population largement dominante du village, se regroupent en familles pour vendre leurs fruits et légumes, leurs jus de fruit fait la veille (Prune de Cythère, Oseille, Marcudja, etc), et leurs traditionnels mets culinaires. Les clients sont tant des guyanais que des touristes.
Mais quelques jours passés à Cacao permettent de comprendre que la vie en semaine, même si elle ne se voit pas à l'extérieur, grouille en silence un peu partout. Les activités sont finalement les mêmes qu'ailleurs, mais se pratiquent avec la légendaire discrétion asiatique.

Chapelle de Cacao. Les Hmongs du village sont religieux, mais sont réunit sous forme de clans en fonction de leur orientatio religieuse. Il y a les chrétiens, les protestants, les animistes et les bouddhistes. Puisque ces "clans" ne s'entendent pas vraiment, il y a au village 3 fêtes du nouvel an selon les 3 principaux calendriers.

Le toit de cette chapelle est en tôle ondulée, comme la plupart des maisons du village.

Le matin est rythmé par les enfants qu'il faut envoyer à l'école (le taux de natalité ici est énorme, la moyenne d'age est d'environ 20 ans), puis par le travail aux champs. Toutes les familles, relativement aisées par rapport à l'ancienne génération, possèdent un 4x4 ou un petit camion Toyota pour se rendre aux champs par les pistes défoncées.
Dans les champs, beaucoup d'activités sont encore manuelles, même si l'aide mécanique est bien présente pour les tâches difficiles. Toujours est-il qu'il faut quand même tenir le coup pour travailler sous la chaleur étouffante.

 

Les hmong fournissent la plupart des denrées agricoles de Guyane. Pour autant, les exploitations ne sont que de grands potagers. Les grands champs et la culture de masse ne sont pas possibles sur ces terrains.

Les fruits cultivés sont principalement des bananes, des clémentines, citrons et pamplemousses. Les légumes sont surtout le manioc, quelques racines, des concombres et une multitude d'autres légumes dont les noms m'échappent encore.

Pamplemousse

Cascade le long d'un petit chemin de randonnée.

champs de Clémentine

Fleuve Comté passant aux abords de Cacao, juste devant un joli resto hmong.

Comme je le disais plus haut, le dimanche est le seul jour animé du village. Evidemment, cela sous-entend que chez le potier aussi les clients abondent le dimanche.
C'est ainsi que pendant mes semaines d'apprenti potier, j'ai pu voir affluer entre 50 et 70 clients chaque dimanche.
Dès mon premier dimanche, la répartition des rôles entre le potier et moi s'est très vite mis en place sens même qu'on en parle.
Jean Philippe fait son animation habituelle avec son tour à poterie et ses monologues atypiques, et moi je m'occupe des ventes. Et quand je vois des clients intéressés par la technique, je les prends à part pour leur expliquer de nombreux détails. Très souvent, ils finissent par me demander comment je suis arrivé ici. En fonction de la sympathie qu'ils dégagent, je leur expliquent mon voyage, ce qui attire leur curiosité.
Evidemment, ce qui est très intéressant aussi le dimanche, ce sont les visites de nombreuses jolies demoiselles attirées par les coquettes poteries exposées ...

Depuis quelques jours, la saison de la petite pluie se fait sentir. Je m'étais dit il y a quelques semaines que j'attendrai le début du carnaval de Cayenne avant de partir au Brésil, mais si il continue de pleuvoir ainsi, mon départ sera peut-être avancé.