mercredi 10 décembre 2014

Potier le temps de quelques jours à Cacao

Lors de mon passage à Cacao il y a quelques semaines, je suis passé chez le potier local.
Situé un peu à l'écart de la foule dominicale du marché, au bout d'une route défoncée, la frêle bâtisse semble décalée de l'esprit du village hmong.
A mon arrivée, un maigre homme se lève, me salut et prend place devant son tour de poterie. Je m'assois sur un banc, dédié semble-t-il à l'observation du spectacle qui commence devant moi.



Les mains de l'homme se livrent à un joli ballet technico-artistique. Très vite, ce qui n'était qu'un vulgaire morceau de terre prit rapidement la forme d'un cendrier. Pendant ce temps, le potier cherchait la communication en tentant habillement de cerner le style du touriste qui le regardait.

Au gré de ses propos libertaires, de son humour de non sens et de son penchant anarchiste, j'ai vite compris à quel artiste atypique rigolo et sérieux j'avais à faire. Le courant est bien passé. La tête pleine de projets confus, il confie qu'il cherche un gars pour l'aider dans son atelier. En retour, il offre le gite et le couvert.


3 semaines plus tard, après le lancement d'Ariane, je me retrouve "apprenti" potier à Cacao, pour un temps indéfini. Quelques jours, quelques semaines, je ne sais pas. J'ai un seul impératif : partir avant fin janvier, c'est à dire avant que la piste entre Oyapoque et Macapa (Brésil) ne soit trop défoncée par la saison des pluies.

Jean Philippe, le potier, a créé un site très complet sur les activités de Cacao et sur sa poterie : http://www.potiercacao.com/

En travaillant aux cotés de Jean Philippe, je prends peu à peu conscience de l'ampleur du travail nécessaire pour obtenir une pièce de poterie. Lorsque l'on assiste aux démonstrations de tournage, les visiteurs de la poterie voient la création d'une pièce en moins de 5 minutes, mais il faut comprendre que le tournage n'est qu'une toute petite partie du travail. Elle est certes l'activité la plus technique, mais pas la plus chronophage.

Voici les différentes étapes, que j'apprends actuellement, pour l'obtention d'une pièce de poterie.

On doit d'abord chercher et transporter l'argile brut des environs, puis le faire sécher. 

L'argile est immergée dans l'eau pour obtenir une boue après filtrage et décantation, puis séchée dans un bac.. 

Lorsque la terre est légèrement plus dure, elle est modelée en boudin arqués pour permettre un séchage plus rapide.
Une fois la terre à peu près sèche, on passe le tout dans une boudineuse (filière à vis d'Archimède) afin de retirer les bulles et pour homogénéiser la matière pour une meilleure qualité des pièces tournées.

Exemple de pièce juste après tournage. Ces pièces sont particulières car elles ont été faites à partir de 3 terres de différentes couleurs mélangées.

Chaque pièce est ensuite passée au séchoir, puis on projette au pistolet à peinture une poudre de verre (émail) qui fondra lors de la cuisson pour recouvrir la pièce d'une fine pellicule de verre protectrice permettant l'usage alimentaire.

Résultat après cuisson. On remarque que les couleurs des terres mélangées ont été relevées grâce à l'émaillage (la pellicule de verre)
Plusieurs semaines de boulot sont nécessaires pour la réalisation de toutes ces pièces.

L'atelier de poterie



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire