mardi 7 juillet 2015

La Bolivie, entre paysages spéctaculaires et population traditionnelle

Me voici arrivé en Bolivie, dans la région sud.
Je me rappel que tout au long de mon voyage, j´ai rencontré de nombreuses personnes affirmant que la Bolivie est un joli pays mais que ses habitants ne sont pas agréables. Je m´y rends pour me faire mon propre avis, et découvre avec stupéfaction que non seulement les Boliviens se révèlent très sympathiques et respectueux, mais en plus sont les garants contemporains d´une riche culture ancestrale peu influencée par le monde occidental, ancrée dans un pays d´une splendeur sans égale.
Je comprends alors que les récits peu valeureux des voyageurs sont simplement l´expérience d´un propre reflet : Les gens d´ici vous considérerons avec le même respect que celui qu´ils lisent dans vos yeux.

Envolée de flamands roses au dessus du lac rouge de la région Lipez Sud.



Passé les très banales formalitées administratives de la frontière, je me rends à Tupiza pour débuter une excursion de 4 jours dans les magnifiques contrées du Lipez Sud, entre 3000 et 5000 m d´altitude. Je me retrouve dans un 4x4 Toyota avec deux allemands, une canadienne, une argentine, le guide et une cuisinière, plus des vivres et du carburant pour 4 jours.

Nous parcourons durant 4 jours une région qui comptera parmi les plus belles de toutes celles que j´ai découvertes durant tout mon voyage en Amérique du Sud. Bonne entente, paysages magnifiques, bonne bouffe, bon guide, tout ça pour quelques euros, ça vaut vraiment le coup.

Après 2 heures de route, nous crevons un pneu. Mais heureusement ce sera le seul problème technique du  voyage.

Les villages dans lesquels nous faisons étape sont isolés de tout, et ne vivent que de l´élevage de lamas et d´alpaca.
Les zones traversées sont arrides, seches et venteuses. 

Eva, la cuisinière, nous a préparé de bon plats pendant que nous luttions contre le froid qui pesait chaque nuit (de -10 à -5 degrés Celsius)

Nous passons dans un grand parc national, dont voici l´une des gardienne.

Avant la tombée de la nuit, les enfants de la régions sont en charge de ramener les lamas dans leur enclos. Les noeuds de couleurs noués sur l´épais pelage des lamas permet aux propriétaires de les reconnaître, car durant la journée ils sont en totale liberté.

Etant au début de l´hiver, les eaux sont glacées ...


... et pourtant des piscine naturelles d´eau thermales (35ºC) longent la longue partie volcanique de la région, partagée avec le Chili.

Qui dit zones volcaniques semies-actives, dit aussi geysers. Ici les trous d´origine d´où partent les geysers.

Lac dont la couleur rouge/orange provient d´un mélange d´oxydes et du souffre volcanique. 



La faune des zones d´oasis est bien plus fournie, avec notamment des flamands roses et des autruches.



Le midi nous sommes bien contant de déguster la bonne nourriture de la cuisinière.
La fin de l´excursion se manifeste sur le gigantesque Salar d´Uyuni, la plus grande étendue de sel au monde, avec plus de 10 000 km2 de surface sur plusieurs dizaines de mètres d´épaisseur.
Le Salar contient aussi 1/3 des réserves mondiales de lithium. Malgré cela, l´exploitation est à peine industrielle et ne donne pas vraiment de richesses au pays.

Le 4eme jour, nous avons passé la nuit dans un hostal de sel, car nous étions sur le Salar d´Uyuni.

Tout le bâtiment et le mobilier sont des blocs de sel.

L´immensité du désert de sel permet de faire les fameuses "fotos locas"

Les cristaux de sel


Couché de Soleil sur le désert de sel.
Nous nous levons le dernier jour vers 5 heures pour assister au levé du Soleil sur l´Ile des Cactus. Magique mais froid, très froid.



Heureusement un petit déjeuné nous attend pour nous réchauffer une peu.
Ainsi se termine mon excursion fabuleuse. Je me dirige alors vers Potosi, une ville de richesses et de douleur.
Par ses énormes montagnes gorgées de minerais d´argent, Potosi fut la ville la plus riche du monde à l´époque coloniale espagnole. Cette époque correspond aussi à la mort de plus de 8 millions d´esclaves Amérindiens et Africains pour l´exploitation effrénée et sans ménagement des mines coloniales de la ville.
L´exploitation des mines est encore d´actualité, et le plus surprenant est que les techniques de travail n´ont pas changé.

Je suis arrivé dans cette ville d´architecture coloniale, rappelant fortement Olinda au Brésil, le jour de la fête du nouvel an de la culture pré-incas qui domine la région. Par un grand hasard, je me retrouve en compagnie d'un chaman très actif dans cette célébration. Je suis ainsi invité à participer à la fête. Les festivités ont commencé dans l'après midi par un carnaval, pour terminer vers 10 heures du matin le lendemain.





Puis, le soir nous sommes allé à une sorte de messe pendant laquelle nous avons mangé des mets Incas. Il s´agissait de tourner sans s’arrêter autour d'une table ornée de plats traditionnels et de liqueurs du coin. Ensuite la communauté s'est mise à jouer des musiques traditionnelles censées reproduire la création de l'humanité.






Enfin, nous nous rendons à 5 heure du matin au sommet de la montagne sacrée de la ville pour attendre et recueillir les premiers rayons de Soleil de l'année. Ils donnerons l'énergie nécessaire à survivre tout le reste de l'année.

Potosi, quelques minutes avant le levé du Soleil.

Enfin le soleil apparaît et donne ses premiers rayons. La foule tend les bras pour les recueillir. 


La tradition veut que ce moment soit aussi le temps de sacrifier quelques lamas en guise d´offrande au Dieu.

Cependant, la ville n´est pas toujours dans cette belle effervescence, et son histoire est finalement plus liée aux mines qu´au belles histoires de rayons de Soleil. Et parce que les conditions d´exploitation sont véritablement inquiétantes, quelques anciens mineurs ont décidé de mener des visites de ces mines et montrer la vie des mineurs.
Ce qu´il faut savoir, c´est que les visites se font avec les conditions de sécurité réelles, c´est à dire inexistantes. Il s´agit donc de visiter une zone où travaillent avec acharnement plus de 7 000 hommes dont l´espérance de vie ne dépasse pas 45 ans. 12 heures de travail journalier, du lundi au samedi, pour 90 bolivianos (soit le minimum pour vivre en ville). Les visiteurs parlent alors tous d´une expérience inconfortable. Vous entrez dans la mine, regardez les mineurs s´éteindre à petit feu, prenez des photos, et vous re-partez. C´est bien le système du zoo ...
J´avais donc décidé de ne pas faire cette macabre visite, jusque´au jour où un mineur m´a lui même convaincu de visiter, comprendre et raconter.

Cette vue illustre le quartier des mineurs.

L´extérieur d´une mine.
Le guide est le chaman qui m´a amené quelques jours plus tôt à la fête du nouvel an local. Il a travaillé durant 5 ans dans les mines de la ville, jusqu´à ce qu´il décide de devenir guide pour raconter comment vivent aujourd´hui les mineurs.
Les feuilles de cocoa sont le seul moyen pour les mineurs de tenir bon durant 12h. Les mineurs ne peuvent pas déjeuner dans les mines car les galeries sont remplies de poussières volatiles qu´il vaut mieux ne pas avaler. Les feuilles de coca sont utilisés pour le mal d´altitude, pour couper la faim et atténuer la fatigue.

Cet alcool à 93º est ce que les mineurs boivent le vendredi, le jour où ils vénèrent le Dieu qui les protèges dans la mine.

L´entrée de la mine que je visite.

Les galeries ne sont pas sécurisées, et sont parfois bien trop petit pour passer debout, même courbé.
Les mineurs travaillent pour une coopérative. Ils vendent à la coopérative ce qu´ils extraient. Il va donc de soit que lorsqu´on travaille pour sécuriser le terrain ou améliorer les conditions, on ne gagne rien. D´où le manque d´infrastructures.
L´ensemble des conditions de travail, la mentalité des gens qui y travaillent de père en fils, la cité où vivent les mineurs, tout ceci me conduit à comparer ce petit monde à celui décrit dans Germinal.

Ici un minerai, extrait comme des milliers d´autre chaque jour de la mine. Les mineurs transportent à la mains les cailloux jusqu´au puit. Les outils d´extraction sont pioche et dynamite. Et puisque la dynamite est chère, les mineur la coupe en deux et ajoute un catalyseur. Il en résulte une mèche 2 fois plus courte et un grand pouvoir explosif. Le meilleur cocktail pour ne pas pouvoir assister à la fin de l´année.

Pour passer d´un étage à l´autre, seuls des échelles de ce type sont installées. Les galeries suivent les sillons, et aucun plan n´existe. Les montagnes sont donc des grand gruyères, dans lesquels personne ne sait où sont situés les trous les uns par rapport au autres.

Ceci est la représentation du dieu des mineurs, En fait, il s´agit du diable car ici nous sommes sous la terre, dans le territoir du diable. Ce dieu, nommé Tio, est vénéré très régulièrement par les mineurs. Il représente le seul espoir de ne pas être victime d´un accident et de trouver les bons filons de minerais.
Quelques jours à Potosi, et me voici ensuite parti pour la Lac Titicaca, le lac le plus haut du monde. Pour y arriver, je passe la La Paz, la capitale Bolivienne.

Au centre de La Paz. Comme dans toutes les villes boliviennes, c´est un immense joyeux bordel.


Pour se restaurer pour pas cher et bon, rien de mieux que les centaines de micro-restaurants du grand marché central.




Le meilleur moyen pour apprécier La Paz dans son ensemble est le téléphérique. Vue aérienne, moins cher que le bus, silencieux et hyper propre.

La Paz est situé entre les chaines de montagnes.

Enfin, j´arrive au lac Titicaca! A suivre dans le prochain article...

Ma petite excursion en Bolivie fut de courte durée (2 semaines), mais m´a donnée une très bonne impression de ce petit pays, à la fois le plus pauvre d´Amérique latine en matière d´économie, mais certainement aussi l´un des plus riche en termes de culture.

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